La station d’épuration des eaux usées (STEP) d’Achères, qui est exploitée par le syndicat intercommunal d’assainissement de l’agglomération parisienne (SIAAP), traite 60 % des eaux usées de 9 millions de Franciliens, ce qui fait d’elle la plus grande station d’épuration d’Europe. Classée site SEVESO seuil haut, l’usine couvre 800 ha à cheval sur les villes d’Achères, Maisons-Laffitte et Saint-Germain-en-Laye. 

Cette usine d’assainissement est aussi la plus accidentogène d’Europe. Les incendies, fuites et rejets de méthane se succèdent depuis des années et ce malgré les mises en garde et interrogations de la Préfecture des Yvelines.

→ Le mercredi 3 juillet 2019, un incendie a totalement ravagé le local de stockage de chlorure ferrique du bâtiment de clarifloculation de l’usine de traitement des eaux. 

L’incendie du 3 juillet 2019 à la station d’épuration d’Achères

Dans les heures qui ont suivi l’incendie, un gigantesque panache de fumées noires s’est répandu, inquiétant les riverains. En 2018, déjà, lors d’un précédent incident, les habitants du secteur avaient vu un nuage de fumées jaunes s’élever. L’incendie du 3 juillet dernier constituait, en l’espace de quelques mois, le quatrième incident, sur ce même site.

Cet incendie, et les rejets d’eaux usées qui l’ont suivi ont causé une catastrophe écologique majeure sur le cours de la Seine, provoquant la mort de centaines de milliers de poissons (plusieurs barges ont repêché pendant une semaine des tonnes de poissons mort et d’algues). Cette surmortalité halieutique est due au manque d’oxygénation de l’eau, conséquence de la présence anormale de matières organiques et donc de carbone…

Depuis, le volume d’eaux traitées sur le site a été fortement réduit, passant de 15 m3 par seconde à 8 m3, la compensation étant assurée par les autres usines, notamment celles de Colombes (Hauts-de-Seine) et de Triel-sur-Seine.

Cette situation à risque ne peut pas être prise à la légère : le plan particulier d’intervention (PPI) vient enfin d’être publié le 23 décembre 2019, son élaboration ayant débuté en 2016 entre la Préfecture des Yvelines et le SIAAP. Il concerne toutes les communes situées à proximité de l’usine d’Achères et Maisons-Laffitte en fait bien sur partie. Ce PPI permet de faire face à des risques technologiques à proximité de sites industriels et rend obligatoire pour les communes concernées, la réalisation d’un plan communal de sauvegarde (PCS). Il s’agit donc d’une obligation pour la ville de Maisons-Laffitte.

Le plan communal de sauvegarde (PCS) est un outil réalisé à l’échelle communale, sous la responsabilité du maire, pour planifier les actions des acteurs communaux de la gestion du risque (élus, agents municipaux, bénévoles, entreprises partenaires) en cas d’évènements majeurs naturels, technologiques ou sanitaires. Il doit avoir également pour objectif l’information préventive et la protection de la population en se basant notamment sur une analyse systémique de l’ensemble des vulnérabilités et des risques touchant le territoire de Maisons-Laffitte, et devra prévoir l’organisation nécessaire pour assurer l’alerte, l’information, la protection et le soutien de la population au regard des risques.

Au regard de la situation de Maisons-Laffitte, située à proximité de la Seine et au sein de l’agglomération parisienne, les priorité du PCS devraient être les suivantes :

  • La prévention des risques technologiques, en particulier ceux liés à l’usine de traitement des eaux d’Achères
  • la prévention du risque d’inondation et la mise en résilience des zones les plus inondables (la crue de 1910 par remontée de nappe a duré plusieurs mois..)
  • l’adaptation au changement climatique (aggravation des risques naturels, pandémies, etc.)

Au vu des risques en présence, la proximité du SIAAP et le risque majeur de propagation rapide d’un nuage toxique dans une zone de 2km constitue un vrai défi pour les riverains du parc, pour les personnes qui y travaillent ou animaux qui y demeurent (notamment les chevaux du centre d’entraînement ou des centres équestres). 

La gouvernance du SIAAP est aujourd’hui problématique du fait de son historique de gestion, du grand nombre d’acteurs présents et du fait que l’installation sur site ait été subie par le territoire plutôt que choisie. L’adjonction de conseillers départementaux des Yvelines et du Val d’Oise est sans doute une bonne chose mais elle ne constitue en aucun cas une garantie de voix au chapitre pour les communes impactées ou les riverains. C’est donc la gouvernance complète de cet établissement et des moyens de contrôle démocratiques qui est à repenser totalement..

Ce sujet dépasse très largement les élections municipales même si ce sont bien entendu les élus locaux qui devront faire pression à toutes les échelles pour pouvoir enfin choisir, et ne plus subir, les contraintes héritées de l’agglomération parisienne.

Positionnement de la station dépuration d’Achères par rapport à Maisons-Laffitte et principe d’un rayon de 2km

Cependant, la question des risques présents ou à venir ne peut rester le seul apanage des techniciens et doit nécessairement faire l’objet d’un large partage et d’une formation de l’ensemble des riverains et salariés présents à proximité. 

On parle alors de “culture du risque”, c’est à dire notre capacité collective à appréhender les situations d’urgence, sans paniquer, et en étant à même de prendre individuellement et collectivement les bonnes décisions face aux risques.

→ L’élaboration du PCS doit donc être l’occasion de rendre nos concitoyens plus conscients de leur environnement et davantage acteurs de leur protection. Il s’agit d’une question de démocratie locale : à quoi bon élaborer de grands plans entre techniciens sans y faire participer la population ?

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